Ce que vous devez savoir au sujet de l’entrée sur le marché canadien et des lois sur la langue française
L’entrée sur le marché canadien est une progression naturelle pour la plupart des grandes entreprises, en particulier celles établies aux États-Unis. La proximité du Canada et des États-Unis facilite le transport de marchandises, et la population canadienne adopte généralement des habitudes de consommation semblables à celles de ses voisins du Sud.
Il y a un seul obstacle important auquel les entreprises peuvent se heurter lorsqu’elles entrent sur le marché canadien : les lois sur la langue française. La province de Québec est une figure de proue dans ce domaine, et les dernières mesures d’une nouvelle loi sur la langue française, connue sous le nom de projet de loi 96, y entreront en vigueur en juin 2025.
En vertu de lois déjà en vigueur qui s’appliquent à l’ensemble du Canada, l’emballage et l’étiquetage de certains produits doivent être bilingues, mais les exigences ne sont pas aussi strictes que celles imposées par le Québec. Une entreprise qui souhaite vendre des produits au Canada doit savoir que la plupart des détaillants nationaux n’accepteront que les produits qui respectent les exigences linguistiques du Québec. Ainsi, les entreprises qui vendent actuellement des produits sur le marché canadien devront revoir leurs emballages, leurs publicités et leurs efforts marketing pour se conformer à la nouvelle réglementation.
Vendre partout au Canada, sauf au Québec, n’est pas la solution, car la province a trop à offrir en matière de dépenses de consommation. Le Québec est la deuxième province la plus peuplée au Canada, comptant plus de sept millions de résidents dont la première langue parlée est le français.
Pourquoi l’entrée sur le marché québécois est-elle une proposition rentable?
Le Québec possède trois atouts qui en font un lieu de résidence attrayant : un faible coût de la vie, des prix de l’immobilier raisonnables par rapport au reste du Canada et une abondance d’emplois. En septembre 2023, le taux de chômage y était de 4,4 %, soit un point de pourcentage de moins que la moyenne nationale, qui s’établissait à 5,5 %.
Le Québec affiche aussi une immigration dynamique, responsable de la majeure partie de sa croissance démographique, en particulier à Montréal et à Québec. Si le français n’est pas déjà leur langue maternelle, les immigrants qui prévoient vivre au Québec doivent l’apprendre pour obtenir la résidence permanente dans la province.
Le chiffre qui intéresse vraiment les entreprises, ce sont les dépenses par habitant dans la province. Malgré quelques difficultés à court terme, comme des grèves et un recul de certains secteurs, les dépenses des ménages québécois n’ont pas ralenti. En 2023, elles ont augmenté de 5,6 % et pour le premier trimestre de 2024, comparativement à la période correspondante en 2023, les dépenses des ménages ont affiché une croissance de 4,8 %. La TD prévoit que ce taux se maintiendra dans un avenir prévisible. Il s’agit d’une conséquence directe du coût de la vie plus faible que dans les autres provinces, et du taux d’emploi plus élevé.
Peut-on utiliser le français européen au Canada?
Bien qu’il soit en théorie possible d’utiliser le français européen au Québec, on recommande fortement d’adopter les normes et les particularités linguistiques locales pour maximiser les occasions sur le marché. Le français québécois est une variété unique, qui combine des éléments du français de l’époque coloniale et des emprunts à l’anglais des États-Unis adaptés selon la prononciation et l’accent locaux.
L’importance de la localisation pour le marché québécois s’explique par un contexte bien particulier. Le français est l’une des langues officielles du Canada, mais la population francophone du Canada a longtemps été traitée comme une classe inférieure par la population anglophone du pays, un tort que le pays s’emploie encore à réparer. La culture et l’histoire du Canada français étant très importantes pour les francophones du Canada, il est essentiel de les servir dans leur langue maternelle pour gagner leur clientèle.
Y a-t-il des éléments à prendre en considération pour le reste du Canada?
Il ne faut pas sous-estimer l’importance du français à l’extérieur du Québec. Plus d’un demi-million de francophones vivent en Ontario, et le Nouveau-Brunswick en compte plus de 230 000. Il y a plus d’un million de personnes dont la langue maternelle est le français à l’extérieur du Québec, ce qui porte à huit millions le nombre total de personnes qui parlent principalement le français à l’échelle nationale.
La population anglophone du Canada accepte généralement l’orthographe propre à l’anglais américain sur l’emballage des produits et dans le matériel de marketing.
L’anglais canadien présente toutefois quelques caractéristiques distinctives, notamment l’utilisation de l’orthographe britannique pour des mots comme « colour », qui s’écrit « color » en anglais des États-Unis. Il utilise toutefois l’orthographe américaine pour des mots tels que « realize », au lieu du « realise » britannique. En général, tout mot qui peut s’écrire avec un « u » suivant immédiatement un « o » s’écrit de cette manière, mais l’orthographe américaine avec le « z » est conservée pour tout mot qui peut s’écrire soit avec un « z » ou un « s ». Bien que la population anglophone du Canada aime voir ce mélange unique d’anglais britannique et d’anglais américain sur l’emballage des produits et dans le matériel de marketing qui lui est destiné, elle est généralement moins sensible aux écarts linguistiques que la population francophone du Canada.
La clé : des services linguistiques de grande qualité assurés par des ressources dont la langue maternelle est le français canadien
La traduction automatique et l’intelligence artificielle (IA) ont leur raison d’être, et de nombreux partenaires de contenu en tirent parti pour réduire les coûts et accélérer la mise en marché. L’utilisation de ces technologies n’est toutefois que la première étape, et ne devrait jamais être la dernière. L’IA n’est pas encore en mesure de bien comprendre les nuances ni de localiser du contenu pour le marché québécois.
Pour percer ce marché, il est essentiel de rechercher des services de haute qualité et d’éviter les raccourcis auxquels on peut être habitué dans d’autres marchés où il y a moins d’attachement émotionnel à la langue et à sa variété locale.
Anik Pelletier est une experte en adaptation de contenu pour le public francophone, une étape clé du processus de « francisation »; elle sait exactement quoi faire pour aider les entreprises à respecter les nouvelles lois linguistiques. Elle a agi comme consultante auprès d’entreprises qui exerçaient déjà des activités au Québec, mais aussi auprès d’entreprises qui cherchaient à percer le marché. Anik collabore activement avec OXO Innovation pour aider les clients qui veulent franciser leur offre.
Les lois du Québec exigeaient déjà l’utilisation du français dans les documents destinés au public. Les nouvelles mesures législatives qui entreront en vigueur en juin 2025 prévoient des mécanismes de mise en application et des amendes potentiellement élevées pour les entreprises qui vendent des produits ou des services au Québec et qui n’utilisent pas la langue française dans leur matériel de marketing destiné aux clients, sur leurs sites Web, leurs emballages, leurs affiches, ou tout autre élément que le public peut voir. De plus, les publications sur les réseaux sociaux qui s’adressent à un public québécois, comme les annonces de soldes offerts dans la province, doivent également être en français. Cette obligation légale n’est pas nouvelle, mais les amendes élevées qui s’y rattachent le sont.
« La réglementation québécoise en matière de langue est l’une des plus strictes au monde, explique Anik. Les entreprises doivent se conformer à diverses lois, qui ont été resserrées ces dernières années avec l’adoption du projet de loi 96. » Voici comment Anik décortique la nouvelle loi, et ce que les entreprises doivent faire pour s’y conformer : « On peut classer les obligations en deux catégories. La première concerne tout ce qui est destiné au public; il n’est pas question uniquement des clients, mais bien du public en général. Tout ce qui est destiné au public doit être en français. Peu importe son contenu, tout document commercial, toute publicité ou toute campagne de marketing doit être en français. »
« Le deuxième volet est celui de la langue de travail. Il vise les entreprises qui exercent des activités de façon physique au Québec. Celles-ci sont tenues de respecter les obligations concernant l’utilisation du français qui s’appliquent aux entreprises de plus de 25 employés », explique Anik.
Les entreprises qui n’exercent pas d’activités de façon physique au Québec doivent surtout se préoccuper de l’adaptation de leur matériel de marketing et de leurs actifs numériques pour se conformer à la réglementation de la province. Celles qui ont des établissements au Québec comptant plus de 25 employés, ou qui prévoient en avoir dans l’avenir, doivent s’assurer que le français y est la « langue de travail ». Cela signifie que les documents internes qui y sont utilisés doivent être en français, notamment le matériel de formation, les contrats de travail, les offres d’emploi, les descriptions de poste, les politiques, les procédures, ainsi que toute communication écrite. Ces obligations liées aux activités internes sont nuancées et peuvent être difficiles à comprendre. Dans le cas des entreprises qui exercent des activités de façon physique au Québec, les communications internes, les logiciels et tout ce que les membres du personnel de l’entreprise travaillant au Québec peuvent utiliser ou voir doivent également être en français. À titre d’exemple, l’écran d’ouverture de session de ces membres du personnel doit s’afficher en français.
Il faut, entre autres choses, que les logiciels utilisés dans l’entreprise soient offerts en français, au même titre que tout document et toute communication internes. Les règles concernant les communications internes de l’entreprise s’appliquent aussi aux industries sous réglementation fédérale.
Quels que soient les défis que vous devez relever, nous pouvons vous aider. La localisation de votre contenu pour le marché canadien-français demande un effort, mais elle va de pair avec une entrée relativement facile sur le reste du marché canadien. Si votre entreprise fait cet effort, elle en sortira gagnante, au-delà des lourdes amendes qu’elle évitera. Vous aurez l’occasion de fidéliser un marché national de huit millions de francophones, dont un peu plus de sept millions au Québec. En raison d’un attachement émotionnel intrinsèque à sa langue et à sa culture, ce segment de marché récompense les efforts sincères en ouvrant son portefeuille aux marques qui savent s’adresser à lui.