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OXO Innovation
4 mars 2014

Les difficultés de la traduction des textes médicaux

Traduire ou ne pas traduire: là est, encore et toujours, la question

« Durante o round, o staff prescreveu um dripping de insulina e ordenou um check up duas horas depois. » Voilà comment on dit en Portugais que pendant sa ronde, le chef d’équipe a prescrit un dripping d’insuline et exigé un check up deux heures plus tard… Du moins, c’est la meilleure façon de s’assurer que ce sera compris dans le milieu médical. C’est ici que surviennent les difficultés dans la traduction de textes médicaux : l’utilisation de termes en langues étrangères – en anglais particulièrement – est tellement répandue que si nous voulions remplacer round par son équivalent portugais « ronda » ou staff par « chefe de equipe » ou encore dripping par « gotejamento », le docteur-lecteur serait forcé de « détraduire » une bonne partie du texte afin de le comprendre. D’un autre côté, si on gardait ces termes dans leur langue originale, le texte pourrait s’avérer incompréhensible pour les novices, les étudiants qui commencent leurs cours, ou toute autre personne qui connaît peu la langue étrangère. Alors, que faire?

La médecine est un milieu où les connaissances scientifiques et technologiques se développent à vitesse grand V année après année, ajoutant ainsi un grand nombre de nouveaux termes à son vocabulaire. Puisqu’il doit mettre à jour ses connaissances très rapidement, le personnel de la santé apprend ces termes dans la langue originale de la publication et les utilise quotidiennement, notamment lors de conférences et dans des articles écrits en portugais.

Ce n’est que beaucoup plus tard que, timidement, les tentatives de traduction commencent à voir le jour et ceci entraîne son lot de problèmes. En effet, pour un grand nombre de mots, les équivalents portugais convenables sont très difficiles de trouver, ce qui rend le travail très ardu. Cette tâche est souvent attribuée à des étudiants en médecine qui n’ont aucune expérience en traduction et très peu de familiarité avec la langue source, et surtout avec la langue cible. Elle peut aussi être réalisée par des langagiers professionnels qui ne connaissent pas le vocabulaire associé à la pratique médicale, ce qui en dénature gravement le sens.

Les traducteurs amateurs font peu de recherches approfondies pour trouver les termes utilisés dans la littérature médicale, ayant pour conséquence des traductions très hétérogènes d’une publication à l’autre. Finalement, la traduction médicale est un domaine sous-payé, ce que la qualité des textes démontre. Toutes ces difficultés expliquent pourquoi les médecins sont réfractaires à l’adoption des termes traduits et leur intégration définitive et consensuelle dans le jargon professionnel.

Toutefois, quoique presque toutes nos connaissances médicales soient importées et rarement adaptées à la réalité brésilienne, l’implantation de certaines mesures pourrait, à tout le moins, préserver la langue que nous utilisons. Une première mesure implique mettre nos peurs de côté et traduire les termes étrangers dès leur première parution en portugais, évitant ainsi leur utilisation courante dans la langue originale. Dans certains cas, garder le terme original dans le texte, entre parenthèses, serait une bonne idée pour faciliter la compréhension.

Il est essentiel que les traducteurs amateurs demandent des conseils linguistiques aux professionnels de la traduction pour contourner les pièges classiques et pour faire réviser soigneusement leur travail. De plus, les langagiers professionnels qui n’ont pas de formation médicale se doivent d’entretenir un réseau de contacts avec des professionnels de la santé afin de pouvoir poser des questions et échanger sur les sens. Ce conseil s’applique également aux traducteurs qui ont des formations médicales puisque le domaine des connaissances dans ce milieu est tellement large qu’une seule personne ne peut être familière avec tout le vocabulaire.

Les recherches exhaustives sont toujours de mise afin de trouver les termes qui auraient déjà été utilisés dans des publications antérieures et faire l’effort de conserver le terme choisi dans la première traduction, si celui-ci est judicieux. Des traductions cohérentes augmentent la compréhension du texte et facilitent l’intégration des nouveaux termes dans le jargon. Les langagiers amateurs négligent souvent ce concept de base. Enfin, si les maisons d’édition et les entreprises de traduction s’investissent auprès de leurs produits, elles doivent payer les traducteurs convenablement. Une mauvaise rémunération entraîne des travaux exécutés à la hâte ce qui diminue la qualité du texte final. Ces mesures aideront à améliorer la qualité de la traduction de textes médicaux, que l’on décide de conserver les termes dans leur langue originale ou non.

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