Discutons ensemble!
+1 438 600-0063

OXO Innovation
19 juin 2024

La parole est à nous : le rôle crucial du langage dans la représentation des personnes 2ELGBTQIA+

Lorsqu’on étudie la linguistique, l’une des premières choses que l’on apprend est l’hypothèse de Sapir-Whorf, selon laquelle notre langue est non seulement le reflet de notre monde, mais qu’elle peut aussi déterminer notre vision de ce monde et notre réalité. Il suffit de penser à des termes utilisés au quotidien : on a souvent spontanément tendance à parler d’une « femme de ménage » ou d’un « homme d’affaires », ce qui crée dans l’esprit une image mentale associée à un genre en particulier pour ces professions. 

En outre, quand on a le réflexe de traduire le mot « nurse » par la forme féminine « infirmière » (alors que, quand on rencontre le mot « doctor », on s’imagine tout de suite « un » médecin), on constate qu’il subsiste dans nos esprits des préjugés sexistes qui se manifestent directement dans le langage que l’on emploie.

Et le langage peut aussi devenir une arme utilisée pour ostraciser intentionnellement les minorités. La marginalisation de la communauté 2ELGBTQIA+, par exemple, est un enjeu complexe étroitement lié à la discrimination systémique, aux attitudes sociales et aux obstacles institutionnels. Pour s’attaquer à cet enjeu, toutes les parties concernées doivent unir leurs forces pour plaider en faveur de l’égalité des droits, remettre en question les stéréotypes, entretenir des milieux inclusifs et faire entendre les voix et les histoires de la communauté.

Dans le présent article, nous verrons comment le langage peut être un instrument puissant et un véritable allié pour la communauté.

Quand le langage accroît la visibilité

Le langage peut façonner nos perceptions, nos identités et nos réalités sociales. Il joue aussi un rôle déterminant pour favoriser la visibilité, la reconnaissance et la validation des identités et des expériences des membres de groupes minoritaires comme la communauté 2ELGBTQIA+. En effet, le langage permet à ces personnes de nommer et de décrire leurs diverses orientations sexuelles, identités de genre et expressions de genre. Il favorise par ailleurs un esprit de solidarité au sein de la communauté 2ELGBTQIA+ en suscitant un sentiment d’appartenance et de reconnaissance chez ses membres. 

Des termes comme « égalité d’accès au mariage », « soins d’affirmation de genre » et « lois non discriminatoires » encadrent les discussions sur les politiques publiques et façonnent les perceptions collectives tout en encourageant la protection juridique et l’acceptation sociale. Dans le même ordre d’idées, des termes comme « lesbienne », « gai », « bisexuel », « transgenre », « queer » et « non binaire » fournissent à certaines personnes le vocabulaire dont elles ont besoin pour exprimer qui elles sont vraiment et pour pouvoir échanger avec d’autres gens ayant vécu des expériences semblables. 

Pour quelqu’un qui explore son identité sexuelle et son identité de genre et qui apprend à apprivoiser celles-ci, le langage peut donc constituer un outil libérateur.

Les défis et les conséquences d’une mauvaise représentation

L’envers de la médaille, c’est que le langage peut aussi avoir des effets dommageables pour la communauté. Une mauvaise représentation et des formules teintées de préjugés peuvent avoir des conséquences profondes et néfastes sur la communauté 2ELGBTQIA+ en perpétuant la marginalisation et la discrimination sous diverses formes. Cela risque aussi d’entraîner une perception négative de soi et des préjugés intériorisés chez les personnes 2ELGBTQIA+. Par ailleurs, l’exposition constante à des termes et à des stéréotypes dénigrants peut susciter des sentiments comme la honte, la peur, le doute et une faible estime de soi, et, par conséquent, exacerber les problèmes de santé mentale comme l’anxiété et la dépression. 

Les propos haineux et discriminatoires contribuent à entretenir un climat d’hostilité et même de violence. Prenons l’exemple de l’utilisation, en espagnol, des termes lesbicidio (lesbicide) et femicidio (féminicide) pour préciser qu’un crime haineux vise respectivement les personnes lesbiennes ou les femmes et les filles en général. 

On a récemment commencé à avoir recours à ces termes pour attirer l’attention du public sur la violence faite aux femmes et pour l’y sensibiliser. Toutefois, des hispanophones refusent d’employer cette terminologie ou s’opposent carrément à son utilisation, soutenant que ces termes n’existent pas puisqu’ils ne figurent pas dans le dictionnaire de l’Académie royale espagnole (RAE) – et ils ont soulevé des débats semblables dans la francophonie également. Cette invisibilisation ouvre la porte au harcèlement verbal, à l’intimidation, aux menaces et aux agressions motivées par la misogynie, l’homophobie, la transphobie et toutes sortes d’autres préjugés. Tout cela peut dégénérer en violence physique et, ultimement, en crimes haineux, ce qui compromet la sécurité et le bien-être des femmes et des membres de la communauté 2ELGBTQIA+ en particulier.

Comment la langue peut-elle nous servir à lutter contre l’injustice?

Pour nous attaquer à ces enjeux, nous devons unir nos forces pour remettre en question les préjugés, encourager l’empathie et la compréhension et créer des milieux inclusifs où chaque personne se sent valorisée et respectée telle qu’elle est. L’utilisation d’un langage respectueux est primordiale pour pouvoir créer des espaces sûrs et propices à l’acceptation, en particulier celle des groupes marginalisés comme la communauté 2ELGBTQIA+. 

En affirmant que chaque personne a le droit de s’identifier et de s’exprimer de façon authentique, le langage inclusif valide l’existence et les expériences de ces personnes. Si nous utilisons leur prénom choisi, leurs pronoms personnels et une terminologie adéquate, nous reconnaissons leur identité de genre et leur orientation sexuelle comme faisant partie intégrante de leur vie, ce qui leur permet d’être fières de leur unicité. 

En ce sens, nous pouvons devenir des allié⸱e⸱s et défendre l’inclusion en choisissant sciemment les mots que nous employons. L’utilisation d’un langage épicène et inclusif est un moyen simple et efficace de communiquer d’une façon respectueuse qui inclut tout le monde dans la conversation. Ce type de langage vient également confirmer notre vision d’un monde équitable et inclusif. Le langage inclusif peut notamment consister à trouver des solutions de rechange au masculin générique (p. ex. en parlant des « droits de la personne » plutôt que des « droits de l’Homme », ou en employant des termes épicènes comme « les membres du personnel » plutôt que « les employés »), ainsi qu’à éviter le langage hétéronormatif et les idées préconçues par rapport au genre (p. ex. demander « As-tu quelqu’un dans ta vie? » plutôt que « As-tu une blonde? »; dire « Bonjour tout le monde! » plutôt que « Bonjour les filles! »).

En encourageant la représentation et la visibilité, chaque personne a le pouvoir de changer les choses pour la communauté 2ELGBTQIA+. Toutefois, pour que le fait d’employer un langage axé sur la diversité soit considéré comme la pierre angulaire du progrès social et de l’équité, il faut que chaque personne y mette du sien. C’est une responsabilité collective et, en l’assumant, nous sensibilisons les autres à l’importance du langage et aux raisons pour lesquels il peut favoriser l’inclusion et la justice au sein de la société, peu importe que les mots employés figurent ou non dans le dictionnaire. 

Notre engagement

Chez OXO Innovation, les membres de notre équipe langagière ont non seulement une grande expertise linguistique, mais défendent avec ferveur l’inclusion et la diversité grâce au pouvoir de la communication. Étant donné que nous reconnaissons l’incidence profonde de la langue sur les perceptions, nous privilégions un langage axé sur l’inclusion et la diversité dans chaque projet qui nous est confié. Vous souhaitez montrer votre respect à votre public en adoptant un langage inclusif et exempt de préjugés dans un effort commun pour rendre la société plus équitable et harmonieuse? N’hésitez pas à communiquer avec nous!

Retour au blogue